Au dernier matin

Au dernier matin d’une dernière guerre

Dans un lointain soleil de paix prochaine

Refleuriront entre les cadavres et les pierres

Les fleurs de l’amitié, Ali mon frère !

Tu verras repousser sur le Fillaoucène

Les tremblantes boutures des tranquilles lendemains

Tu verras s’écrouler les dernières chaînes

Que ne retiendront plus d’impuissantes mains.

Tu verras rejaillir les sources incertaines

D’un amour retrouvé dans la chaude rumeur

Des frères réunis très loin de toute haine.

Ce matin l’eau n’a pas la même couleur.

Tu sentiras le vent des libertés amères

Rouler sur ta peau nue d’enfant débâillonné,

Gicler sur tes mechtas, balayer tes misères,

Pour ne te laisser plus que la seule vérité.

Tu verras défiler, dans le ciel de tes pères,

Les nuages de sang frangés d’or et d’amour,

Ils te diront l’angoisse et l’espoir de ta terre

Qui renaîtra demain pour être morte un jour.

Au dernier matin d’une dernière guerre

Nous irons seuls tous deux sur les chemins d’hier

Pour enterrer nos morts et consoler nos mères,

Pour ne pas oublier, mais VIVRE, Ali mon frère !….

Sidi-Ali Benzemra, le 27 décembre 1961

Poème écrit par un militaire enseignant

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