Il est interdit d’être vieux

Un grand maître hassidique, Rabi Nachman de Braslaw, a dit un jour :  »  Il est interdit d’être vieux ! « 

La vieillesse est un fait naturel. Comment interdire un fait naturel ?

On cultive aujourd’hui son corps, on fait des régimes, on utilise toutes sortes de crèmes, on joue à rester jeune. Est-ce cela que l’on souhaite ? A condamner la vieillesse, ne risque-t-on pas de faire l’apologie d’une vie artificielle et d’entretenir ainsi le culte de la jeunesse qui s’est emparé du monde contemporain ?

Il convient de s’interroger. Qu’y a-t-il de honteux à être vieux ? Est-ce là quelque chose qu’il faut cacher ? Une maladie honteuse ? Le monde contemporain tend à reléguer la vieillesse  dans les hospices, à la périphérie de la société. Il n’apprécie les personnes âgées que si celles-ci sont jeunes. Est-ce un progrès ? N’est-ce pas une inquiétante régression ? Nous serons tous âgés un jour. Etre ainsi contre la vieillesse, n’est-ce pas être contre soi-même, en se détestant insidieusement ?

La vieillesse a un double visage. Il y a la vieillesse du corps, faite d’usure et de fatigue. Il y a celle de l’âme, faite de refus de vivre et de tristesse. La vieillesse du corps est inscrite dans la nature des choses. On la subit. C’est ainsi. Nous sommes faits pour passer dans ce monde. La vieillesse est la marque de ce passage. Ce qui n’est pas sans charme. Comme mourir consiste à vivre le mystère de la limite de la vie, vieillir porte la marque de cette entrée dans le mystère de celle-ci. Ce qui a fait dire à Victor Hugo :  » Le jeune homme est beau, mais le vieillard est sublime. « 

La vieillesse de l’âme n’est pas naturelle. On est vieux dans son âme quand on le veut. La vieillesse, en ce sens, n’est pas une fatalité. On en est responsable. A condition de comprendre ce que cela signifie.

L’âme devient vieille quand elle refuse le plan supérieur de l’existence. La vie ne se limite pas à ses simples manifestations naturelles. Il y a en elle quelque chose de plus. Vivre consiste à en tenir compte, en vivant avec cette dimension supérieure et pour elle. Une telle vie est dynamique. Elle dépasse la banalité du quotidien. La preuve : quand quelqu’un ne fait que vivre sur le plan de la quotidienneté, il ne pense qu’à lui. Il ramène tout à l’utilitaire, sans aucune préoccupation de pensée. Cette démarche égocentrique et réductrice est étroite, étouffante. Elle rapetisse la vie. Aussi a-t-on raison de dire qu’elle est vieille et qu’elle fait vieillir.

Il faut apprendre à voir surnaturellement les choses naturelles. Le surnaturel n’est pas ce qui fait errer l’existence. Il l’intensifie. Il l’exalte. Quand on en perd le sens, on fait vieillir la nature. Ce qui se vérifie. Les âmes sans foi sont des âmes tristes . Comme les époques sans foi, tristes elles aussi. L’humanité se dépasse quand elle se relie à une dimension qui la dépasse. Elle donne de l’infini à sa vie, en acceptant l’infini tout court…

Pour terminer, nous disons à chacun et chacune de vous :

Il est interdit d’être vieux et aidons-nous les uns les autres à rester Jeunes…

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