Message de la Cité Radieuse

Un jour, un jeune marin, voulant connaître d’autres horizons, quitte son pays natal, sa famille et s’embarque sur un frêle esquif.

Tout d’abord, il navigue de port en port s’y arrêtant plus ou moins longtemps…Au bout de quelque temps, n’ayant toujours pas trouvé ce qu’il cherche, il décide toujours à bord de son frêle esquif de prendre le large. Après des jours de navigation, il accoste sur une terre étrangère. Là, il est accueilli par des habitants d’une autre race, d’une autre culture, d’une autre religion. On ne lui demande pas qui il est, ce qu’il possède, ce à quoi il croit, mais il est nourri, il est hébergé, il est adopté. De son côté, il essaie simplement de leur apporter le peu qu’il possède. Ainsi, durant des années, un lien d’amitié, un lien fraternel se noue entre eux si bien qu’il finit parfois par oublier ceux qu’il a quittés, son pays natal.

Alors qu’il vaque à ses occupations, un matin de juillet, accompagnée de quelques amis, débarque une jeune princesse. Elle et sa suite passent un mois auprès de notre marin. A peine ont-ils le temps de faire connaissance que notre princesse doit s’en retourner chez les siens mais bien décidée à revenir l’année suivante.

C’est ainsi que, durant huit ans, chaque été, elle reprend la mer pour retrouver notre marin. Chaque année, un lien d’Amour se tisse, mais lui, peut-être parce qu’il lui faut abandonner son passé d’aventurier, son indépendance, ses habitudes de marin solitaire, qui sait… ?, tarde à répondre aux avances de celle dont le cœur déborde d’Amour…

Mais l’Amour finit toujours par triompher du cœur le plus dur et celui de notre marin finit par s’ouvrir. C’est ainsi que voilà aujourd’hui 25 ans, ils décident ensemble de s’embarquer sur le frêle esquif…

Bientôt, ils prennent le large et, un an plus tard, de leur Amour naît un moussaillon puis deux ans après un deuxième. Ils sont maintenant quatre à bord de leur petite embarcation mais, chacun y trouve sa place, lui tient la barre, elle tient l’écoute pendant que nos deux moussaillons s’amusent des vagues, de la houle, des mouettes, des dauphins. Ensemble, ils affrontent mer d’huile, brume, brise, tempête. Que pourrait-il leur arriver ?…

Pourtant, un jour d’octobre, une tempête soudaine se lève. Ils n’ont pas eu le temps de la voir venir, une vague énorme, une de ces déferlantes que tout marin redoute, s’abat sur l’esquif emportant avec elle l’aîné des moussaillons. A bord, c’est la consternation, le tristesse, le désespoir. Il faut à chacun beaucoup de temps pour comprendre ce qui s’est passé. Mais de l’autre rive où la déferlante l’a déposé, leur moussaillon bien aimé leur envoie des signes pour leur dire qu’il est toujours vivant et qu’il les attend, et nous savons que tout marin est attentif au moindre signe et sait les reconnaître.

La vie n’est plus la même à bord mais, comme ils avancent de plus en plus vers le large, les tempêtes sont de plus en plus fréquentes.  »  Que pourrait-il nous arriver de pire « , pense notre marin.

Quatre ans plus tard, toujours en automne, vers la même date, une nouvelle tempête se lève, d’une violence peu commune, et une déferlante s’abat de nouveau sur le frêle esquif emportant notre princesse vers l’autre rive où l’attend celui qui l’y a précédé.

De nouveau, à bord, c’est la consternation, la tristesse pour notre marin et le moussaillon devenu matelot… Toujours attentifs aux signes qui leur sont envoyés, c’est dans la sérénité qu’ils affrontent la mer, l’un à la barre et l’autre à l’écoute. Et, lorsque la tristesse envahit leur cœur, alors chacun leur tour, ils montent au sommet du mât, le plus haut possible, et de là, ils aperçoivent le halo de la cité radieuse de l’autre rive, là où la princesse, le moussaillon et tant d’êtres chers les attendent et où, chacun d’entre vous, sans exception, est attendu…

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